C'est l'histoire d'un cochon d'Inde qui s'appelle Monsieur Câlin.
Il y a longtemps il était jeune, fort et fier.
Il pouvait porter un concombre entier sur son dos !
Mais maintenant Monsieur Câlin est vieux.
Il est tout gris et très fatigué.
Il repense à la belle vie qu'il a eue, avec sa femme Victoria et leurs six enfants.
Et puis, un mercredi matin, Monsieur Câlin a très mal au ventre...
Je vais régulièrement à la bibliothèque avec mon fils de 4 ans et demi. Nous choisissons ensemble une vingtaine de livres (un peu au hasard, dans tous les styles), puis nous en lisons un, deux ou trois à tous les soirs.
Le 20 janvier dernier, un mardi comme un autre, nous nous sommes lancés dans la lecture d'Adieu, Monsieur Câlin, "un texte pudique et délicat qui raconte de façon étonnamment simple la fin de vie."
Suite à la lecture, on a jasé un peu et il s'est mis à me poser des questions. Il a fini par me demander: "Mais nous on peut pas mourir hein?" Je lui ai dit que tout le monde vieillissait puis dans très longtemps finissait par mourir. Puis il m'a demandé: "Oui, mais toi tu ne peux pas mourir..." Je lui ai dit que oui, que j'allais devenir vieux et que j'allais mourir dans très longtemps. Puis il m'a demandé: "Mais moi, je ne peux pas mourir..." Et je lui ai dit qu'il allait grandir, qu'il allait devenir un papa comme moi, puis un grand-papa, puis que oui, quand il serait très vieux, il allait mourir aussi. Et il s'est mis à pleurer. Longtemps. En disant qu'il ne voulait pas mourir, qu'il ne voulait pas aller sur une autre planète...
Le 20 janvier dernier, un mardi comme un autre, nous nous sommes lancés dans la lecture d'Adieu, Monsieur Câlin, "un texte pudique et délicat qui raconte de façon étonnamment simple la fin de vie."
Suite à la lecture, on a jasé un peu et il s'est mis à me poser des questions. Il a fini par me demander: "Mais nous on peut pas mourir hein?" Je lui ai dit que tout le monde vieillissait puis dans très longtemps finissait par mourir. Puis il m'a demandé: "Oui, mais toi tu ne peux pas mourir..." Je lui ai dit que oui, que j'allais devenir vieux et que j'allais mourir dans très longtemps. Puis il m'a demandé: "Mais moi, je ne peux pas mourir..." Et je lui ai dit qu'il allait grandir, qu'il allait devenir un papa comme moi, puis un grand-papa, puis que oui, quand il serait très vieux, il allait mourir aussi. Et il s'est mis à pleurer. Longtemps. En disant qu'il ne voulait pas mourir, qu'il ne voulait pas aller sur une autre planète...
On a jasé longtemps, et il a réalisé par lui-même qu'on allait mourir avant lui (ce qui n'a pas aidé). On a parlé de mon oncle décédé il y a un an et demi (il ne s'en souvient pas), puis il m'a dit que sa maman a une photo de sa maman pour qu'on se souvienne d'elle. Je lui ai expliqué que quand on est vieux, on est malade et on a mal partout, et que nos amis sont au ciel, alors on est content de mourir pour ne plus avoir mal et aller retrouver tous ceux qu'on aime. Je crois qu'en gros, il avait peur de ne plus jamais bouger et de ne plus ouvrir les yeux, puis d'aller trop lentement et être tout seul dans l'espace avant d'arriver dans une autre planète, et que ses amis soient pas tous dans la même planète que lui. J'ai essayé de le rassurer sur tout ça, en lui disant que c'était juste notre corps qui restait ici et que tout de suite après on pouvait ouvrir les yeux et bouger, qu'on avait pas besoin d'aller lentement dans l'espace, qu'on pouvait aller super vite, et que tout le monde sait sur quel planète on va et qu'on peut être tous ensemble et s'amuser. Je lui ai aussi parlé des anges qui pouvaient être là pour nous aider, pour nous dire où aller...
On a parlé de plein de trucs, il m'a posé beaucoup de questions, mais en gros, ça ressemble à ça. Mon fils est maintenant sensibilisé à la mort. C'était un mardi comme les autres, qui s'est transformé en mardi marquant. J'ai pleuré en lui lisant l'histoire, j'ai pleuré en le regardant pleurer, j'ai pleuré en lui expliquant tout ça et j'ai pleuré en ressassant cette soirée. Je n'ai pas dû être très convainquant pour le rassurer...
J'ai toujours voulu des enfants. Et après la venue de mon fils, j'en voulais d'autres. Mais cette soirée a semé un doute dans mon esprit. Voir les larmes et l'effroi dans les yeux de son enfant quand on lui apprend qu'il va mourir un jour, ça crève le coeur. Donner la vie à un petit être sans défense pour lui annoncer aussitôt qu'on va la lui reprendre, c'est impardonnable. Je ne sais pas si j'aurai le courage de jouer le rôle de voleur de naïveté à nouveau.
Mais bon, je vais me reprendre. Quand il sera assez vieux, il comprendra bien que j'ai menti ou, à tout le moins, généralisé. Il me posera la question, et je lui confirmerai la vérité:
Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes immortels...
J'ai toujours voulu des enfants. Et après la venue de mon fils, j'en voulais d'autres. Mais cette soirée a semé un doute dans mon esprit. Voir les larmes et l'effroi dans les yeux de son enfant quand on lui apprend qu'il va mourir un jour, ça crève le coeur. Donner la vie à un petit être sans défense pour lui annoncer aussitôt qu'on va la lui reprendre, c'est impardonnable. Je ne sais pas si j'aurai le courage de jouer le rôle de voleur de naïveté à nouveau.
Mais bon, je vais me reprendre. Quand il sera assez vieux, il comprendra bien que j'ai menti ou, à tout le moins, généralisé. Il me posera la question, et je lui confirmerai la vérité:
Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes immortels...
Ce texte m'a vraiment émue.
Merci, je pensais que mon coeur était gelé comme la glace coupante qui emprisonne les petites roches de sel.
Je reviendrai...!